Avec son climat aride, ses températures extrêmes et ses terres uniques, l’eau est au centre des préoccupations de l’Australie. Longues périodes de sécheresses, fortes inondations et cyclones, depuis 2009, le pays est soumis à un important changement climatique qui souligne l’urgence de préserver les ressources naturelles du pays.

Stanmore. Queensland. En ce milieu de mois d’octobre, les journées se succèdent et se ressemblent. Le soleil est au meilleur de sa forme ; chaud, puissant et brulant. Heather, 67 ans et son mari Cliff ont acquis cette grande propriété de soixante hectares il y a maintenant presque huit ans. « On a acheté ce terrain, car c’était un lieu parfait pour la pluie ! » Situé en haut d’une colline pour rester à l’abri d’inondations, entourées d’arbres, la rivière à côté, cela semble être le lieu idéal pour récolter l’eau de pluie. En effet, si dans les villes il existe de gros réservoirs d’eau communs, en campagne, les habitants doivent s’équiper de réservoirs électriques, qui récoltent l’eau de pluie et la filtre pour qu’elle soit potable. « L’eau de pluie tombe sur les toits et glisse directement dans les gouttières reliées aux réservoirs. » Explique Heather.

« On a déjà eu six mois sans une goutte de pluie ici ! »
Heather descend le long de son jardin où de nombreuses plantes se courbent déjà face à la chaleur. Elle se tient devant trois gros tanks blancs et vérifie le niveau d’eau en tapant le long du réservoir. Chacun peut récolter cinq mille gallons d’eau, soit presque 19 000 litres. Leur consommation d’eau dépend directement du temps, c’est pourquoi ils ont aménagé leur quotidien de sorte à préserver l’eau. « On a déjà eu six mois sans une goutte de pluie ici ! » Économiser l’eau au quotidien est primordiale : douche rapide de 2 minutes, laver la vaisselle à la main avec la même eau dans l’évier, recycler les eaux usagées, etc. « Pour arroser nos plantes, on a fait installer deux petits réservoirs supplémentaires qui récupèrent l’eau usagée et la filtre. » Avoir des plantes est un luxe, qu’il faut ensuite entretenir. Là encore, dans un soucis de sauvegarde d’eau, ils ont installé de la moquette et des copeaux de bois sur toute la surface de leur jardin, afin de protéger la terre du soleil et préserver l’humidité du sol.

Une sensibilisation qui varie entre ville et campagne
Si l’eau est un enjeu pour toute l’Australie ; les grandes villes (ex : Brisbane), les villes de tailles plus modestes et les habitations en campagne n’ont pas le même rapport à l’eau. Plus on s’éloigne des villes, plus on comprend l’urgence et la réalité du problème à venir : le manque d’eau. Même si la facture d’eau en ville peut vite grimper si la consommation est trop forte, la notion de manque n’est pas systématiquement présente dans les esprits. « Quand j’étais petite, je vivais dans une ville. Il y avait un réservoir commun donc ne faisait pas autant attention. » Passer d’une consommation d’eau de ville à celle de la campagne n’a pas été dure pour Heather, qui a vite développé la notion de préserver l’eau. « On s’adapte vite aux conditions, d’une part car on n’a pas le choix, et d’autre part car ça a un sens.»

« Le temps a changé… »
Si le Queensland s’articule principalement autour de deux saisons (sèche et des pluies), depuis 2009, l’état a été frappé par de nombreuses inondations et cyclones (2010-2011-2013). Heather se souvient des inondations de 2011 où l’eau du fleuve avait barré la route qui mène à la ville, laissant les habitants de Stanmore sans eau ni électricité pendant dix jours. « On devait mettre des bassines dehors pour récupérer l’eau de pluie et pouvoir se laver ! » se souvient-elle en riant. Lors de catastrophes telles que les cyclones ou lors de longues périodes de sécheresse, le gouvernement limite la consommation d’eau pour les loisirs, sous peine d’amendes. Par exemple, il y a cinq ans, il était interdit de laver sa voiture chez soi, d’arroser ses plantes ou de remplir sa piscine. « Il y avait des voitures sales partout ! » s’exclame Heather. Depuis plusieurs décennies, l’Australie a vu sa population s’accroître, sa faune et sa flore se réduire, ses sols et ses eaux se polluer et son climat changer. « C’est plus dur aujourd’hui qu’il y a quarante ans. Il pleut moins. Le temps a changé. Avant, on avait des saisons distinctes où l’on était sûr que l’été (janvier à avril) il pleuvait beaucoup, plus maintenant. » L’hiver (mai-septembre) est la période où il fait très chaud et sec. Les conditions sont plus dures. L’eau devient plus précieuse que jamais. « Pour préserver l’eau le plus longtemps possible, on prend une douche tous les deux jours. De temps en temps, nos enfants nous ramènent aussi de gros récipients d’eau. »

L’eau est une préoccupation de tous les jours, que ce soit pour la préserver comme pour faire des économies. L’eau se raréfie et devient coûteuse. Comme un petit trésor, on la stocke, on en prend soin et on ne la gaspille pas. Heather a donc prévu de s’équiper d’un quatrième réservoir dans les mois à venir, afin de maximiser à long terme les apports en eau et ainsi combler les longues périodes où il ne pleut pas.
Le soleil entame sa descente et une brise fraîche apparaît. Heather lève les yeux au ciel, un groupe de perroquets noirs pousse des cris et se perd au loin. « Il va pleuvoir demain ! » sourit-elle. On n’a jamais aussi bien accueilli la pluie qu’ici.
Marion Gordien
coucou ma nounoute très bel article …. ca fait réver et comme partout la vie n’est pas si facile.
bisous
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