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Travailler dans un refuge de kangourous

Pour notre troisième et dernier HelpX, nous avons choisi de travailler chez Betty Wildlife, part of Eagles Nest, un refuge de kangourous à Kuranda (North Queensland), un rêve pour moi! Ici sont amenés des kangourous/wallabies/wallaroos orphelins ou blessés, afin de les guérir, qu’ils grandissent, dans l’objectif de les relâcher dans la nature.

 

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Première rencontre 

L’excitation est à son comble lorsque l’on franchit la grille qui nous sépare des huit bébés kangourous et des deux adultes : Harvey, le fan des sachets de thé noir et Zorro, le plus vieux kangourou du refuge. Il y a les plus curieux, qui viennent nous dire bonjour, ceux qui font une petite sieste dans leur poche et les plus timides, qui ne se laissent pas encore approcher. Nous sommes donc dehors. Ici sont placés les bébés kangourous assez grands pour commencer à apprendre à vivre dans la nature (se nourrir d’herbes, s’imprégner du temps, être alerte aux dangers et vivre en communauté).

Nous avons donc Niple et Oskar (mes chouchous), Nelson et Max (les chouchous de Bastien), Nana, Doris, Amanda et Krystal.

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En attendant que la cage soit toute propre! (Nana, Niple et Oskar)

 

À l’intérieur, nous avons sept autres kangourous et wallabies, dont une adulte. Ici sont placés les plus petits, ainsi que les blessés. Chacun a sa poche que l’on suspend à un cintre. Ils sont dans des berceaux de bébé.

Nous avons ici Olivia et Faith (nos chouchoutes), deux red kangourous, Mickey et Minnie, Anni et Angel (quatre bébés wallabies) et Ava (wallabie adulte).

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Faith et Olivia en virée à l’extérieur!

 

Un planning bien chargé

Les journées sont rythmées par un planning bien défini par les horaires où l’on nourrit les bébés, par l’entretien du refuge, mais aussi par les imprévus, comme aller chercher un kangourou blessé, l’emmener chez le vétérinaire etc.

Journée type :

6h30 : Réveil

7h : nourrir les bébés kangourous/wallabies de l’extérieur

7h30 : nourrir les oiseaux/chauve-souris/lézard/chouettes et nettoyer les cages

9h : petit-déjeuner

10h : nourrir les bébés wallabies à l’intérieur

11h : nourrir les bébés kangourous à l’intérieur

11h30 : nourrir les bébés kangourous extérieurs +

Nettoyage et remplacement des draps pour les kangourous/wallabies à l’intérieur + si besoin, préparer les différents laits pour les bébés

13h : déjeuner (mettre la table et débarrasser)

14h : nourrir les bébés wallabies à l’intérieur

15h : nourrir les bébés kangourous à l’intérieur

16h : nettoyer les cages des kangourous à l’extérieur / nourrir les ânes, dindes, possums

17h30 : nourrir les bébés kangourous/wallabies de l’extérieur

18h nourrir les bébés wallabies à l’intérieur + nourrir les bébés kangourous à l’intérieur

19h30-20h : Dîner (mettre la table et débarrasser)

22h nourrir les bébés wallabies et kangourous à l’intérieur

23h : Au lit !

 

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Oskar, qui ne boit son biberon que dans sa poche 🙂

 

Il y a deux petits jours d’adaptation au commencement de l’aventure, le temps pour toi de prendre tes marques et d’être totalement autonome. Il suffit juste d’organisation, d’efficacité et un bon instinct maternel. L’observation est importante dans le suivi des bébés, comme remarquer une diarrhée, une constipation, une déshydratation, un refus de biberon ou un comportement anormal, cela peut les sauver. Même si tu n’es pas sûre, signale-le à Betty, elle prendra les mesures nécessaires.

 

Dès que j’avais un temps de libre, je le passais avec les kangourous. Je m’occupais par exemple d’Olivia, un red kangaroo qui a ses deux pattes arrière dans le plâtre. Elle a subi une opération lourde et doit ensuite avoir une rééducation pour remarcher. Elle n’aura pas toute la force et la rapidité d’un kangourou en bonne santé, elle restera probablement toute sa vie ici. Elle est impatiente de pouvoir remarcher et tente à maintes reprises de se lever. C’est une battante et elle est terriblement attachante! Elle montre beaucoup d’affection et adore ses moments de détente à l’extérieur! C’est pourquoi je l’emmenais dès qu’il faisait beau, deux fois par jour prendre l’air, qu’elle observe les autres kangourous, mange de l’herbe et des racines, et l’aider à se lever pour qu’elle profite un peu des sensations d’être debout et non allongée toute la journée !

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Olivia profitant du soleil!

Le reste de mon temps, je le passais dehors en compagnie des kangourous, un moment privilégié où j’ai pu développer des liens forts avec certains bébés, comme Niple et Oskar.

Tu dépenses pas mal d’énergie dans la journée, c’est comme avoir un bébé sauf que tu n’en a pas un, ni deux, mais 15 ! Le soir, j’étais bien fatiguée ! Je m’endormais avec des étoiles plein les yeux et me réveillais avec la même envie et excitation de les voir chaque jour !

 

Astuces :

-Pour les tout petits bébés, quand vient le temps de les stimuler pour qu’ils fassent leurs besoins, surélève-leur un peu les fesses, fait de petit demi-cercle, tout doucement pour ne pas leur irriter la peau. Tu sauras que tu fais le bon geste car tu sentiras qu’ils poussent ! Tant qu’ils répondent à ces stimulus, cela veut dire qu’ils n’ont pas fini donc il faut être patient ! Je pouvais passer vingt minutes avec Minnie !

-Pour les plus grands, quand vient le temps de les mettre dans leur cage pour la nuit, tu les prends par la base de la queue (cela ne leur fait pas mal)

-Si un bébé refuse un biberon, c’est qu’il est peut-être trop chaud ou trop froid. Certains ne boivent leur biberon que lorsqu’ils sont dans leur poche. Certains n’aiment pas voir la tétine et ne la prennent pas automatiquement. Il faut donc leur ouvrir la bouche avec l’index et le pouce délicatement et y insérer la tétine. On peut aussi faire une petite pression sur la tétine pour envoyer le lait.

 

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Petit câlin avec Minnie, après le biberon

 

L’évolution

 

-Après un accident de voiture

C’est une des choses que j’ai adoré observer et qui est vraiment gratifiante quand tu y contribues.

Nous avons été récupérer un wallabie renversé par une voiture. Un événement qui m’a marquée, en grande sensible que je suis. Nous lui avons donné un prénom, Ava. Elle avait une commotion cérébrale, elle saignait du nez, de la tête, elle était vraiment mal en point. J’étais bouleversée quand Betty nous a averties qu’elle ne passerait peut-être pas la journée. Je l’ai maintenu pendant le trajet du retour, m’assurant que sa tête était dégagée et qu’elle respirait. On ne pouvait rien faire d’autre sinon espérer. Une fois placée dans le berceau, elle ne pouvait pas se lever et ne voyait plus à cause de la pression sur son cerveau. Elle était paniquée. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’après un accident de voiture par exemple, ce qui tue principalement les kangourous/wallabies est le stress causé et non les dégâts infligés. Il faut donc faire en sorte de les rassurer et de leur donner le plus d’espace, car ils sont sauvages avant tout et ne sont pas habitués à la présence de l’homme ni à cet environnement sédentaire.

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Ava deux jours après son accident

Ava ne mangeait pas, ne buvait pas. Elle était déshydratée. Mon rôle était donc, plusieurs fois par jour de lui donner par pipette un liquide vitaminé qui hydrate et qui redonne l’envie de manger. Si c’était un challenge les premières fois, elle y a vite pris goût et comprit que c’était bon pour elle. Au bout de cinq jours, elle arrivait à se tenir assise, mangeait un peu et buvait. Comme en signe de gratitude, elle me faisait de grosses léchouilles sur la main. Une semaine après, elle commençait à voir un peu d’un œil de nouveau et appréciait l’air frais la journée.

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Ava une semaine plus tard!

J’étais fière d’elle, pleine d’espoir pour son rétablissement et heureuse qu’elle s’en soit sortie et d’avoir pu l’aider sur ce chemin. Son rétablissement ne fait que de commencer.

 

-Le temps d’adaptation

Tous les bébés kangourous présents ici ont été trouvés après que leur maman se soit fait renverser par une voiture. C’est un traumatisme en soi pour eux, car ils n’ont pas fini leur développement et leur apprentissage jusqu’à l’âge adulte avec leur mère. La transition peut donc être dure pour eux. Que ce soit dans le lait qu’on leur donne, la texture siliconée de la tétine et la présence humaine. La personne qui s’en occupera deviendra donc pour eux « la mère de substitution ». Tous les kangourous ne choisissent pas de tisser un lien avec toi. Si ils viennent et te léchouillent, c’est qu’ils l’ont décidé.

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Faith dans sa petite poche

Faith, un red kangourou en est le parfait exemple. Lorsqu’on est arrivé, elle n’acceptait de boire aucun biberon venant de nous, tout comme se laisser toucher. Elle se mettait dans des états pas possibles et s’agitait dans tous les sens. Je n’ai pas insisté. Tous les jours, j’approchais ma main pour lui faire sentir, je lui parlais et je restais en retrait. Après cinq jours, tout a changé. Avec son caractère ronchon, plutôt solitaire et têtue, elle est plus attachante que jamais. Je pouvais la nourrir sans problème, lui faire des câlins, elle me léchouillait et on jouait. Chaque kangourou a son caractère et a un temps d’adaptation à toute nouvelle situation plus ou moins longue. Et c’est ça qui est émouvant !

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Faith prête à bondir!

 

Un lien fort

Il y a quinze bébés. Même si tu les nourris, cela ne crée par forcément de liens particulier avec eux. Ce sont eux qui décident si oui on non ils le souhaitent, et jusqu’où cela va. Sur ces quinze bébés, j’ai développé un lien avec quatre d’entre eux principalement, dont une vraiment fort, Niple, une antilopine wallaroo. Il suffisait que je passe les grilles pour qu’elle vienne et me suive partout. Si je m’assois dans l’herbe, elle vient manger près de moi ou s’allonger à côté. C’est aussi une petite jalouse qui chasse les autres bébés qui s’approchent trop près ou ont des câlins trop longtemps. Elle adore mordouiller pour avoir de l’attention et est une grande joueuse. Elle se met sur ses pattes arrière, prend de l’élan avec sa queue et bondi sur toi ! Je me mettais à courir, elle bondissait après moi et s’arrêtait toujours là où j’étais. Quand elle en avait envie, elle venait pour des petits câlins et bisous. Elle se blottissait dans le creux de mon ventre et tétait mon t-shirt. Il y avait toujours le gros câlin du matin et de l’après-midi.

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Il faut aussi garder en tête que ce sont des animaux sauvages et non de compagnie et qu’ils seront destinés à être relâchés. Ce sont des bébés qui ont besoin d’attention, mais pas d’être papouillés comme un chat toute la journée !

Respectez leur liberté et acceptez qu’ils viennent ou non vers vous.

Cela a été très dur pour moi de quitter le refuge et ces petits loups, à qui je me suis beaucoup attachée. Par cette expérience, j’ai vu à quel point il était difficile de garder une certaine distance avec les bébés que l’on recueille, qui seront amenés à rester quelques années, mais dont l’objectif principal est de les relâcher dans la nature, pour qu’ils vivent libres comme ils devraient l’être !

 

Réflexion sur le refuge

Je me suis posée de nombreuses questions pendant cette expérience sur l’efficacité réelle quant à relâcher des kangourous qui ont vécu auprès de l’homme toute leur enfance. Ont-ils réellement toutes les chances de survivre dans la nature ? Vont-ils à nouveau rechercher la compagnie de l’homme ? (Enquête que je vais mener pour un prochain article).

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Amanda en pleine course!

 

Le fait est qu’aucune structure n’est parfaite. Le travail de Betty est formidable dans le sens où elle accueille, soigne à ses frais, et nourrit ces kangourous/wallabies/wallaroos sur plusieurs années jusqu’à tant qu’ils soient assez grands pour être relâchés (via l’Eagle Nest). Ces petits ont eu une chance de survivre et croyiez-moi qu’ils sont heureux ! Ils sont entre eux, ont de l’amour des Helpers qui viennent, mais aussi des enfants qui aident un peu chaque jour après leur école. Par son action, elle sensibilise et fait quelque chose pour la faune sauvage de sa région. Elle accueille donc macropods, mais aussi oiseaux, chouettes, lézards, chauve-souris etc (excepté les serpents !).

Je respecte énormément son travail et lui souhaite de continuer le plus longtemps possible. Elle a besoin d’Helpers, le mieux est de pouvoir rester trois semaines, donc si vous êtes intéressés, faite-le-moi savoir ou aller directement sur le site HelpX! Elle peut accueillir jusqu’à quatre helpers.

 

Les Points forts du HelpX:

-C’est une chance incroyable de pouvoir vivre avec des kangourous, de nourrir les bébés, de s’en occuper, de les soigner et de faire partie de ce beau projet qui est de les remettre en liberté ! Chaque jour, le lien tissé avec les kangourous se renforce, on en apprend d’avantage sur chacun de leur caractère. Ils deviennent comme nos bébés.

Les Points faibles :

-Je dois dire qu’on ne crée hélas aucuns liens forts avec la famille, hormis lorsque les petits-enfants sont de passage. Malgré la gentillesse de Betty et Cliff, on reste des étrangers à leurs yeux, qui ne sont que de passage à aider au refuge, s’enchaînant les uns derrière les autres. Ils n’ont pas tenté de s’intéresser à nous. Décevant, mais qui est largement comblé par cette magnifique expérience.

Voici pour finir un petit diaporama pour vous faire partager cette aventure qui a été pour moi magique! Voir la vidéo ici. 

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Marion.

 

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