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Cyrielle Hariel:« Il y a une humanité qui est solidaire, qui a le cœur qui rayonne et qui trouve des solutions»

 

À 29 ans, Cyrielle Hariel est une survivante, une missionnée et une journaliste engagée. Elle nous raconte son parcours, ses aspirations et les enjeux du XXIe siècle. Touchante et avec une énergie indéfectible, à sa façon, elle « heal the world » (guérit le monde), comme dirait Michael Jackson. 

 

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@CP Cyrielle Hariel

 

Qu’est-ce qui t’a amenée à devenir une journaliste positive et créer ton blog ?

À partir de 2010, j’ai travaillé trois ans dans la rédaction des « Animaux de la 8 ». J’ai adoré ce que j’ai fait, mais je sentais que j’avais atteint mes limites dans ce poste. Je suis quelqu’un de passionné, j’ai besoin d’être animée par quelque chose pour le faire, sinon je suis malheureuse. C’est pourquoi j’ai décidé de les quitter et d’essayer de me trouver. Très vite, je me suis rendu compte que Michael Jackson était un vecteur pour moi, qu’il ne m’avait jamais lâchée depuis mes cinq ans et ces fameux clips sur l’humanitaire.

 

 

Un clip en particulier?

«Man in the Mirror ». Pendant cinq minutes, on nous montre uniquement des images de guerre, de paix, de famine. À cinq ans déjà, je pleurais devant des images d’enfants noirs maigrissimes, la peau sur les os… Je ne comprenais pas pourquoi, lorsque je sortais de chez moi ou bien quand je regardais Dorothée, je ne voyais pas ces scènes bouleversantes.

Donc fini les animaux de la 8, tu te trouves enfin ? 

J’avais 25 ans et j’ai eu envie d’intéresser les gens à l’humanitaire et d’écrire un concept TV positif sur ce sujet. Je m’enferme donc pendant trois mois chez moi et je me documente. J’essaie de comprendre les problématiques de l’humanitaire, je fais mes premières interviews et quatre mois plus tard, je trouve un producteur qui croit en mon projet et une ONG, « Action contre la faim » avec qui partir sur le terrain.

 

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Michael Jackson

 

Qu’est-ce qui t’a stimulée à partir sur le terrain ? 

J’ai été stimulée par Michael Jackson ! J’avais envie d’aller sur le terrain, de me rendre dans les pays où ses images humanitaires avaient été tournées. Je voulais voir si j’étais aussi bouleversée en direct, que derrière mon écran à des milliers de kilomètres. J’ai eu envie de me sentir utile, et de voir si quelque chose en moi allait résonner.

 

 

Dans quel pays es-tu partie ? 

Je suis partie au mois de mai 2014 au Bangladesh, dans un camp de réfugiés : les Rohingyas. C’est l’une des ethnies les plus persécutées au monde, qui n’a nuls autres choix que de vivre dans des camps de réfugiés depuis 1982. Ils ne sont reconnus ni en Birmanie, ni au Bangladesh et ils ne peuvent pas travailler.  Je me questionne : « comment est-ce possible que des hommes, comme toi Cyrielle, n’aient absolument aucun avenir ? ». On me parle ensuite de dérèglement climatique, de la montée des eaux qui affecte Dhaka, la capitale du Bangaldesh et ses 156,6 millions de personnes…  À mon retour, je suis complètement bouleversée.

 

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Lors de sa mission humanitaire, avec des petites filles du Bangladesh

 

C’est aussi un voyage qui t’a sauvé la vie…

La veille de mon départ, je fais un check-up de mes vaccins à l’Institut Pasteur et là, pour la première fois de ma vie, on me dit que j’ai un souffle au cœur. À mon retour du Bangladesh, le cardiologue m’annonce un problème cardiaque congénital. Plus concrètement, j’avais un trou dans le cœur, que l’on appelle une communication interauriculaire : c’est 1 bébé sur 1500 qui naît avec cette malformation. Pour mon cas, on s’en est aperçu à mes 27 ans… En  juillet 2014, en urgence, on m’a donc posé une prothèse dans le cœur.

 

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Heart pic avec le Dalaï Lama CP@ Cyrielle Hariel

 

Tout ça t’a donc menée au journalisme positif : 

À 27 ans j’ai cru que j’allais mourir et finalement la vie en a décidé autrement. Je me suis sentie missionnaire à ce moment-là ! Je suis très spirituelle… c’est comme si j’avais fait un pacte avec l’univers, avec la vie… on m’a donné une seconde chance ! Quand je me suis réveillée vivante, j’ai décidé de faire du journalisme engagé, d’où la symbolique des cœurs « heart pics », sur les photos de mon blog… Je me suis dit : « regarde ce projet que tu as initié toute seule te sauve la vie, alors si tu n’as pas compris le message …! Vois le côté positif : tu es vivante, alors va voir les gens qui sont solidaires et qui souhaitent apporter des solutions aux problèmes écologiques de notre planète.

 

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Heart pic avec Deepak Chopra @CP Cyrielle Hariel

 

Après l’opération, comment s’enchaînent les choses pour toi? 

Je me fais opérer en juillet 2014 et je lance mon blog en mars 2015. Jusqu’en janvier 2015 j’étais sous Bêta-bloquant, un médicament qui te ralentit ton rythme cardiaque : j’étais un légume. Après ma convalescence de huit mois, lorsque je recommence à prendre des forces, j’ai un ami qui me suggère d’écrire mon blog. Le soir même, je faisais ma première interview. Je viens vraiment de loin, mais je commençais à m’intéresser à tout et j’ai démarché, au culot, pour avoir toutes mes interviews.

 

« J’ai envie de passer ma vie à rencontrer des personnes qui ont envie de bouger les lignes et qui ont du cœur. »

 

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heart pic avec Joeren Hopster

 

Quel est l’objectif de ton blog ? 

Je vais voir les « change makers », les acteurs du changement. Aujourd’hui, les informations que l’on nous donne nous crispent le ventre, on se sent anxiogène. On nous parle de catastrophes naturelles, de conflits, de terrorisme, de dettes, etc. En quoi tourner en boucle de tels sujets sur des chaînes d’informations pourrait donner de l’espoir à l’humanité ? En terme journalistique, j’ai choisi d’aller à contre-pied de ce qui se faisait en matière d’actualités. Ces évènements existent et il faut en parler, mais pourquoi ne parlerait-on pas des gens qui sont des entrepreneurs sociaux, qui font des bonnes actions…

 

« Je veux me lever chaque jour, me pencher sur une cause et trouver des solutions à des problématiques ! »

 

Est-ce qu’il y a eu une rencontre en particulier qui t’a le plus marquée ?

Elle n’est pas encore publiée sur mon blog, c’est la rencontre avec John Isaac, un photo journaliste qui a travaillé 45 ans pour les Nations Unies, à couvrir des guerres et à témoigner. C’est un homme de terrain, qui a une histoire incroyable. On peut dire qu’il en a vécu des choses ! Il a rencontré Michael Jackson, est devenu son ami puis son photographe officiel lors de sa dernière tournée. Je suis sortie de cette interview, ça ne s’explique pas, je pleurais de joie !

 

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« C’est à ce moment-là que j’ai compris que je voulais passer ma vie à rencontrer des gens qui ont des destins de fous, qui ont des parcours un peu atypiques : c’est ça qui m’intéresse, m’anime, et m’enrichit! »

 

Y a-t-il une cause qui t’anime particulièrement ?

Pour moi,  le plus grand enjeu du XXIe siècle, c’est le climat. Quand je parle du climat, ce n’est pas que la Nature, mais aussi de l’avenir de l’Humanité. Tout est lié.

Que fait l’homme ? Il respire, il boit, il mange. Si demain il y a trop de sécheresse, on ne peut plus cultiver pour l’homme : on ne mange plus. À chaque pause gourmande, vous avez juste un champ devant vous : vous buvez un café, ça vient d’un caféier, c’est de l’agriculture, c’est de l’écologie. Les arbres et les océans produisent notre oxygène ; c’est l’air que l’on respire, sans cela, il n’y a pas de vie.

 

« Arrêtez de voir l’écologie comme de la politique, c’est juste vital. Les gens ont oublié que tout est relié à la terre, au soleil et à l’air. Pour moi sans l’agriculture, sans l’écologie, il n’y a pas de vie. »

 

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Speaker sur le journalisme positif et inspirant, lors de l’ouverture du « France Digital Day »

 

As-tu des projets en cours ? 

Je sors un livre l’année prochaine, qui parlera de mon parcours, de ma malformation cardiaque, de mon éveil pour l’écologie, des enjeux du XXIe siècle, mais aussi de tous ceux qui bougent les lignes, qui entreprennent. C’est un livre où j’essaie de parler à différents types de publics : des personnes comme moi qui n’ont pas eu de situation familiale et qui ont dû se trouver par leurs propres moyens, des gens qui sont passés à travers les mailles de la faucheuse, aux écolos et à tous ces entrepreneurs sociaux !

 

 

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Chroniqueuse sur l’émission TV Ushuaia le Mag, tous les samedis à 20H

 

C’est un message 100% positif que tu fais passer ?

Il y a une humanité qui fait du mal, mais il y a aussi une humanité solidaire, qui a le cœur qui rayonne et qui trouve des solutions. C’est ce qui me fait vibrer.

Croyez en vous-mêmes et ne partez pas défaitiste. On a tous, selon moi, une mission sur Terre – c’est mon côté spirituel et bouddhiste qui parle —, mais je crois sincèrement que l’on s’est incarné pour quelque chose ! Petit à petit, la vie m’a apporté les réponses. Je suis restée bloquée sur Michael Jackson pendant très longtemps, sans vraiment comprendre pourquoi, mais aujourd’hui, tout a du sens.

Peux-tu me donner une citation qui résume ton état d’esprit?

Si je devais choisir une citation, ce serait les paroles de Michael Jackson dans sa chanson « Man in the mirror »… ce qui a été mon déclic. Il dit : « Si tu veux changer le monde, commence par changer la personne qui se trouve dans le miroir ». En effet, tout commence par nous ; si on est 7,4 milliards à le faire, c’est gagné !

Quel est ton rêve?

Un de mes rêves était de rencontrer mon idole, Michael Jackson… Lorsque mon entretien avec John Isaac s’est terminé, il m’a dit : « Cyrielle, bonne continuation et surtout continue le travail de Michael. » – c’était comme si Michael me parlait ! Mon rêve, c’est de continuer à donner de l’espoir, via ma modeste expérience et de dire que « tout est possible » ! Je veux être aux côtés des plus vulnérables (hommes et animaux), voyager et essayer de trouver des solutions pour les faire remonter aux décideurs.

 

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Heart Pic pour sceller cette belle rencontre!

« Tout est possible alors, croyiez en vous, mais d’abord aimez-vous. Essayez d’être bien au quotidien, dès que le réveil sonne. »

 

Infos pratiques : 

Blog de Cyrielle : http://www.cyriellehariel.com

À suivre: la sortie de son livre l’année prochaine et son premier TEDxIHEParis en 2017

 

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